Hectoralos/GSOC 2020 rapport final
Introduction
Ce document décrit le travail réalisé par Hèctor Alòs dans le cadre du Google Summer of Code 2020. Le projet a été supervisé par Xavi Ivars et Gianfranco Fronteddu
Commits
On peut voir tous les commits du projet sur cette page.
Buts et plan de travail
Les buts du projet et le plan de travail sont décrits dans la proposition que j'ai fait début février. Il s'agissait de construire un traducteur bidirectionnel français-arpitan. L'arpitan n'était pas encore introduit dans Apertium, donc j'ai dû créer le référentiel [apertium-frp]. Entre les différentes normes orthographiques utilisées pour l'arpitan, le projet a choisi la norme ORB, qui est supra-dialectale. Un grand avantage de cette norme est qu'on a déjà fait un très grand travail de choix entre les très nombreuses formes des mots et des morphèmes pour tout le territoire où la langue est parlée, tandis que les autres orthographes n'ont pour objet qu'un dialecte particulier. Il faut aussi noter que la plupart de la [Wikipédia arpitane] utilise cette orthographe et qu'il existe un site extrêmement utile] avec des dictionnaires en ligne.
Développement du projet
Le projet a compté des le début avec le support incommensurable de Dominique Stich, créateur de l’ORB, et Alain Favre, co-auteur avec Stich d’un dictionnaire français-savoyard et éditeur du dictionnaire français-francoprovençal de Stich. Les deux ont permis l’utilisation de ce dictionnaire. Stich en a donné une version électronique actualisée, qui est la base des dictionnaires apertium-frp et apertium-fra-frp. Stich et Favre le long de tout le projet ont aidé à les compléter avec plusieurs milliers de mots chacun. Le résultat est que le dico arpitan d'Apertium a plus de 6 500 entrées qui ne sont pas dans le dictionnaire de Stich. Le contact avec lui au sujet de questions lexiques et grammaticales a été permanent. Les nombreuses remarques de Favre sur des traductions faites a l’aide de beta.apertium.org ont été extrêmement utiles. C’est pour cela que les résultats du projet sont nettement meilleurs que prévu en février. Je suis énormement reconnaissant à tous les deux pour leur dévouement. Évidemment, cela ne veut pas dire que le traducteur n’ai pas d’erreurs (ce serait impossible qu’il n’en ait pas), ni qu’on puisse leur imputer ces erreurs de quelque manière que ce soit.
Le référentiel apertium-frp
Le dictionnaire arpitan
J’ai investi beaucoup de temps sur le dictionnaire arpitan. Malgré la standardisation de l’ORB les textes écrits avec cette norme ont encore une grande variété. La norme différencie entre « graphie large » et « graphie serrée ». La première est l’essai de trouver une espèce de juste milieu entre les très nombreuses formes locales, mais au prix de l'utiliser une orthographe plus étymologique et plus éloignée des réalisations phonétiques concrètes de chaque lieu. La deuxième permet de se rapprocher aux formes locales, au prix de la multiplication des mots et des formes fléchies. J’ai concentré les efforts dans la production de textes en graphie large, ce qui implique que la traduction de textes arpitans au français est nettement pire.
Mais il y a encore de nombreux détails qui restent sujet de discussion dans l’ORB, en général, et la « graphie large » en particulier. L’effacement, voire la disparition, des terminaisons dans la plupart des variétés arpitanes complique les choses. Quant au lexique et la morphologie, les questions où j’ai trouvé de nombreuses contradictions dans les textes sont :
- La terminaison -ie ou -ia (et parfois -e ou -a dans les noms féminins). D’accord avec Stich, le traducteur choisit la terminaison -ie, avec quelques exceptions.
- La terminaison -âl ou -al, voire -èl. Je suis la norme de Stich, qui restreint -âl à des formes anciennes et utilise èl pour les néologismes.
- Dans les gentilés qui terminent en -ois en français, en suivant Stich, j’utilise presque toujours -ouès, mais parfois, à la demande de Favre, -ês est choisi.
- La terminaison -ologo est préférée aux dépens d’-ologue et -ologisto.
- Il y a de très nombreuses inconsistances dans les toponymes de la Vouiquipèdia, avec, par exemple, quatre formes différentes pour New York, des terminaisons -ia et -ie, -landa et -lande, etc. Stich a bien voulu fournir une liste de tous les états avec ses gentilés, ainsi que de nombreux autres toponymes. Quand même, la Vouiquipèdia est restée une source majeure. Il faudrait encore travailler davantage sur certains toponymes parce que le choix d’a ou â, o ou ô en fin de mot ne semble pas consistant.
- Les pronoms démonstratifs, qui sont remarquablement différents selon la région (comme dans d'autres langues romanes) sont matière de discussion. J'ai choisi les formes recommandées par Stich.
- On rencontre de nombreuses conjugaisons possibles des verbes. On trouve le même verbe conjugué comme inchoatif ou non inchoatif, il peut subir une mutation vocalique (a > â, o > ô, e > è, etc.) ou non, etc. J'ai choisi les formes recommandées par Stich.
- Il y a de nombreuses hésitations dans l'utilisation d' â ou a, d' è ou e, voire é et même ê, d' e ou i, de cll ou cl, fll ou fl, etc. Cela cause de nombreux problèmes pour reconnaître les mots dans les traductions de l'arpitan.
- Il y a des hésitations dans les participes des verbes du premier groupe si la forme du féminin doit se différencier de celle du masculin ou non. J'ai choisi de faire la distinction pour les verbes terminés en ar (je génère -âye(s)) et de ne pas le faire pour ceux terminés en (i)ér (je génère -ê(s)).
Puisque le but principal du traducteur du français à l’arpitan est de traduire des articles pour la Vouiquipèdia, nous avons travaillé pas mal sur la toponymie, l’onomastique et la terminologie scientifique, dans des domaines comme les mathématiques, la physique, la biochimie, la zoologie et la botanique. Évidemment, le temps est très limité, donc il reste encore beaucoup de travail. Nous avons aussi travaillé sur la terminologie sociopolitique en testant le traducteur sur des nouvelles d’actualité. Lo Trèsor Arpitan a été très souvent consulté, mais il faudrait à l’avenir d’en extraire tout le vocabulaire (et, éventuellement, de lui en fournir).
En ce qui concerne la flexion des mots, les verbes (comme dans toutes les langues romanes) ont été particulièrement difficiles. J’ai dû consulter Stich maintes fois à ce sujet, bien que de nombreuses informations sur la conjugaison des verbes sont déjà dans son dictionnaire. Le résultat peut être vu dans un très simple site web pour les verbes arpitans que j’ai créé surtout pour m'orienter moi-même.
À cause des nombreux mots et formes fléchies non normatives ou, du moins, discutables qu’on trouve dans les textes arpitans, j’ai dû incorporer près de 750 mots qui sont marqués non-standards dans le dictionnaire (en utilisant c="use_sub", sur la recommandation de Fran Tyers). Une des causes de cette balise est d’éviter qu’ils entrent dans le correcteur orthographique qui devrait être généré à la suite de ce projet.
Il faudrait encore dire que le dictionnaire n’utilise pas, en principe, de point intérieur (ch·, g·, j·) puisque les utilisateurs de l’ORB ont décidé de ne plus l’utiliser. Cependant, on continue à le trouver sur la Vouiquipèdia et d’autres textes, c’est pourquoi j’ai dû l’ajouter pour nombre de mots.
Le choix a été fait de générer une seule forme d'arpitan large, pour toutes les régions. C'est le plus simple et dans les sources dont je dispose je n'ai guère d'information sur la région où un certain mot ou flexion sont utilisés. Cependant il est très possible que l'arpitan produit par le traducteur soit ressenti comme trop « large ». Les utilisateurs, s'ils le veulent, devront « localiser » les textes produits, en les adaptant à leur variété.
Les règles d’élision et contraction
Les règles d’élision et contraction sont pratiquement celles du français. Le traducteur arpitan-français accepte bien l’élision des pronoms personnels sujet de la deuxième et troisième personnes du singulier, de l’article indéfini féminin, des adjectifs possessifs de la première et deuxième personne du pluriel et d’autres, mais ne fait pas ces élisions dans la traduction de français à l’arpitan.
La désambiguïsation morphologique (traitement de l'homonymie)
Le traducteur ut
Le référentiel apertium-fra
Les différentes parties du référentiel français d'Apertium étaient tout à fait fonctionnelles déjà. J'ai donc dû y investir très peu de temps. J'ai ajouté des mots au dico et plus de règles désambiguïsation morphologique. Deux nouvelles catégories ont été ajoutées au dico et à ces règles :
- Les préfixes (pref), pour traiter les préfixes écrits avec un trait d'union
- Les adverbes post-fixés (postadv), pour traiter les particules -ci et -là
Puisqu'il s'agit d'ajouts ils n'interfèrent pas avec les autres paires de langues qui les analysent d'autres façons.